12h20 : Deux ou trois pop-corn dans la boîte

La Radio en guerre au cinéma, par Aliette Cheptitski, Pauline Claudot, Chloé Galibert et Philippine Le Bret.

 

Au menu de notre banquet cinéphile, vingt minutes d’un joyeux festin critique sur deux films aussi tendres que pimentés : Good Morning England de R. Curtis (2009) et Le Discours d’un Roi de T. Hooper (2010). Les membres associés des équipes de critique cinéma de TrENSistor et RSP offrent à vos papilles auditives le régal d’un dialogue emporté sur deux joyaux de la radio dramatisée. Dramatisation outrancière dans Good Morning England, l’histoire déjantée d’hommes complètement largués, épaves humaines et mélomanes au don et au goût douteux chassant à n’en pas douter les chantantes sirènes. Jouant aux pirates d’ondes radiophoniques et bientôt marines, ils acquièrent finalement la stature aussi inattendue qu’inquiétante de monstres marins confrontés à un triste et terrible touché-coulé où la radio devra montrer si, oui ou non, elle est et restera l’organe insubmersible de trublions à la dérive dont on espère jusqu’à la fin qu’ils sauront, au moins, se raccrocher à un radeau de la Méduse pour recomposer cette belle famille qu’est la radio-team. Dramatisation aussi poignante qu’élégante dans Le Discours d’un Roi de Tom Hooper (2010), film mettant en lumière un paradoxe identitaire inhérent à la radio : médium moderne et arme de diffusion massive, elle est, aussi, sinon avant tout, un lieu intimiste. Celui, ici, où fait rage la guerre intérieure d’un seul homme – mais quel homme ! Roi et donc chef des armées, c’est à lui que revient la lourde responsabilité de « dire la guerre », mais comment faire quand « dire », précisément, est à soi seul un combat ? Par la radio le salut survient : permettant de dire sans montrer, elle préserve la pudeur, et la parole de circuler sans gêne, libérée des regards inquisiteurs d’un public exigeant, peuple apeuré d’une nation en guerre. La radio, de simple porte-voix, se fait voix tout court…

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